Depuis plusieurs mois, nous lisons à deux. C’est une expérience qui permet de revenir avec plaisir sur sa propre pratique.
Nous lisons l’un après l’autre, par séquences d’une quinzaine de minutes, pour stimuler l’attention de notre auditoire, sur une durée totale de une heure environ.
Quand ce n’est pas mon tour, tel un auditeur , j’observe attentivement le comportement de mon ami
lorsqu‘il lit : j’envie son élocution claire, sa voix qui porte, résultat d’un travail de plusieurs années sur la diction. Cela m’incite à tenter, sans beaucoup de succès, de mieux poser ma voix, quand je démarre. La force de mon désir m’aidera à y parvenir ! J’apprécie sa façon de faire et cette relation singulière qu’il met en place. L’écouter ne me conduit pas à le critiquer (car cela supposerait que j’ai le goût de le faire et je ne me place pas sur ce plan peu fécond aux triomphes faciles) mais à me poser tout un tas de questions qui me stimulent car les réponses sont loin d’être évidentes. Comment s’y prendre ? Elles ont trait, par exemple, au rythme de la phrase, au ton, à la puissance de la voix et à la gestuelle, aux regards, à la recherche de connivence. J’observe, en même temps l’auditoire et remarque, chez certains un relâchement fugace de l’attention ou au contraire un éclat dans le regard très encourageant. J’essaie alors de comprendre la nature des interrelations lecteur-auditeur.
Quand je lis à mon, tour, mon regard voltige vers le visage de mon compagnon dont je guette l’expression autant que vers ceux des personnes de l’auditoire.
Des points d’interrogation s’accumulent sans réponse. Ils abondent, car j’écarte les réponses trop rapides ou trompeuse. J’aime être déstabilisé par toutes ces questions, je ne peux que progresser , peu à peu sur tous ces points. J’en ai envie et me sens serein.
Nous reviendrons sur la question principale qui est toujours présente : lire « derrière » ou « devant » le texte, et pourquoi ? S’agit-il de « servir le texte" et l’auteur ou de « s’en servir » ?
Ma réflexion est aussi stimulée par le choix des textes de mon compagnon que je sais soucieux de ne retenir que ceux qui sont bien adaptés à son auditoire. Nous ne nous concertons jamais avant la séance. Cette situation nous plaît à l’un et à l’autre. Au delà de la surprise nous assistons très souvent à des rencontres amusantes au détour de nos morceaux choisis. Je suis presque toujours étonné par les textes qu’il retient. Il doit en être de même pour lui. Nous les préparons, ils nous deviennent familiers, parfois nous les aimions déjà avant de les retenir. Nous arrivons « d ‘ailleurs », parfois d’assez loin, et offrons ces textes à des personnes qui n’ont pas eu le temps d’être apprivoisées par nous : Il nous faut « introduire » les textes. Nous reviendrons un autre fois sur ce point essentiel.
J’aimerais que ces quelques réflexions vous incitent à lire ainsi, de temps en temps à deux pour toute l’aide et le plaisir que cela vous apportera ;
Lector.
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